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  • J'veux baiser qu'avec toi, ça s'dit pas... Et un bébé comme toi ça s'prête pas... Ca s'prête pas... De vie en vie... C'est pas l'enfer, mais c'est pas l'paradis... La musique adoucit les moeurs. La poésie aussi. Ecrire ça défoule. Bienvenue ici.
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24 novembre 2005

Le fabuleux destin de Pascal Léliaert

<<   Purgatoire   >>

 

Est-ce qu’on a droit à une seconde vie ? Quand on voit qu’on s’est magistralement planté, sur tous les fronts, qu’on n’envisage plus qu’une solution, disparaître.

Je crois que la réponse peut être oui.

Mais avant de penser cela, dans un moment de souffrance intense, la question ne se posait même pas à moi. J’allais disparaître.

J’avais tout foiré de ma vie. Tout. Travail, foyer, vie intime. Oh, pas tout seul, bien entendu. On m’avait aidé un petit peu. Mais le constat d’échec que je m’infligeais était cinglant.

Je ne voulais plus reconduire mon contrat chez Chevalier. La situation avait pris une tournure qui m’échappait, je m’étais senti trahi, manipulé, et j’en étais arrivé à ne plus aller travailler lorsque Lebarge, dans un accès de bile, requérait ma présence (toujours pour des futilités). J’allais chez le médecin, il me prescrivait des calmants, il me donnait un certificat pour trois jours. Je rentrais chez moi, j’avalais les médocs et je dormais toute la journée.

Je m’étais dit que, le beau temps aidant, la période de vacances d’été me serait bénéfique. Hélas, l’été était pourri (mais vraiment !) et mon état continuait d’empirer. Je voyais la rentrée arriver avec un stress croissant. Comment refuser un contrat de travail qu’on allait de toute façon me proposer ? La seule solution était de trouver un autre contrat. Mais dans l’état où je me trouvais, je me jugeais inapte au travail. Complètement incompétent dans quelque domaine que ce soit.

Il restait une seule issue : j’allais disparaître.

Mais il y avait un hic. Je ne souffrais d’aucune maladie. Oh, j’avais bien des tendances destructrices, ça oui. Mais suicidaires, pas vraiment. En fait, j’y avais réfléchi. Comment faire cela proprement ? Tomber du toit. Je pouvais facilement y accéder par le vélux du bureau. Mais je suis incapable de me jeter dans le vide. Me tailler les veines. Ah, ça, c’est mieux. Mais c’est sale. Ou alors je devrais le faire nu dans la baignoire. Mais si c’était un de mes enfants qui me trouvait ? Quelle image auraient-ils gardé de moi ? Et quand bien même, quel fardeau doit représenter pour un gamin de six ans le suicide de son père ? Non, il fallait bien me rendre à l’évidence, je n’allais pas mourir tout de suite. Ou alors, peut-être accidentellement.

Dans le courant du mois d’août, survint un événement qui allait me distraire un peu. Ma copine Alexandra m’avait dégoté un boulot de gentil animateur pour enfants et adolescents. Ah ben grâce à ça, au moins, j’allais pouvoir leur dire merde, à Chevalier et toute sa clique.

Mon épouse (pffff, dire que je me foutais toujours de la tronche de Lebarge, quand il disait « mon épouzzzzz »… et maintenant, je ne saurais plus dire « ma femme » !)… Mon épouse, donc, avait pris rendez-vous pour moi chez un psychiâtre.

Bah, de toute manière, mes neurones étaient déjà grillés pour la plupart, me disais-je. Il ne pourrait pas faire pire. Je suis allé au rendez-vous. J’ai parlé de mon cas pendant vingt minutes. Il ne m’a pas interrompu. Je n’avais pas l’impression que mon discours était cohérent. Je me plaignais lourdement de la manière dont on m’avait traité sur mon lieu de travail, en passant sous silence mes problèmes de couple, et en minimisant l’histoire, précisant que j’allais changer de boulot. Et que donc, finalement, c’était pas si grave que ça. Alors que j’étais réellement au fond du fond. Quand j’ai terminé, il m’a dit :

    Vous n’êtes pas dépressif. J’ai de quoi vous donner un coup de fouet, mais il faut respecter la prescription.

Je n’étais pas dépressif ? Ah. J’ai pris l’ordonnance, j’ai payé, j’ai dit merci et je suis sorti.

Le dimanche suivant, j’ai emmené femme et enfants à H., qui allait soi-disant devenir mon nouveau lieu de travail. C’est en réalité une petite ville hyper touristique, la carte postale de nos contrées par excellence. Et c’est pas la porte à côté. Bref, c’était complètement surréaliste. Le piétonnier était grouillant de monde. On a quand même trouvé une table en terrasse pour se restaurer. Oh oui, c’était agréable, comme endroit. Finalement, pourquoi ne pas tenter le coup ? Qui ne risque rien…

Ma rédemption a commencé ce jour-là. 

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