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  • J'veux baiser qu'avec toi, ça s'dit pas... Et un bébé comme toi ça s'prête pas... Ca s'prête pas... De vie en vie... C'est pas l'enfer, mais c'est pas l'paradis... La musique adoucit les moeurs. La poésie aussi. Ecrire ça défoule. Bienvenue ici.
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15 décembre 2005

Le Théâtre ambulant Chopalovitch, Lioubomir Simovitch

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Les vacances d’hiver sont occupées à plein temps par les répétitions. Notre troupe de théâtre amateur prépare une pièce d’un auteur serbe qui met en scène… une troupe de théâtre ambulant, comme l’indique son titre.

La pièce, qui a pour cadre une petite ville serbe non loin de la frontière croate, en pleine seconde guerre mondiale, a été écrite quelques années avant que n’éclate le conflit en ex-Yougoslavie, dont les républiques indépendantes commencent à peine à se relever de leurs cendres au moment où notre metteur en scène la choisit. A posteriori, elle prend une autre dimension, presque prémonitoire.

Le rôle du milicien nazi qui m’a été confié n’était pas évident pour moi. Après les premières répétitions, le directeur artistique du centre culturel dont nous relevions, qui s’était montré d’une patience infinie envers moi, m’avait presque fait rougir en disant qu’ « il y a bien trop de finesse dans mon regard pour le prêter au bœuf qu’est le personnage de Miloun ».

Fabrizio, qui avait le rôle principal, ne me supportait pas, sans doute en partie à cause de cette condescendance dont il ne bénéficiait pas, du moins en public. Cette circonstance fut à l’origine d’un moment pétillant qu’il m’a été donné de vivre.

La télévision locale est venue filmer quelques scènes, et le journaliste a évidemment choisi celle où Miloun mange le laissez-passer, bien trop en règle, des comédiens. Ces laissez-passer (que je devrais mettre au pluriel, puisqu’ils transitent par mon estomac et ne sont donc pas réutilisables) sont en papier hostie de couleur variable, rose, vert, jaune, bleu, selon l’humeur de l’accessoiriste. Donc Miloun, par ma voix, demande à Chopalovitch son laissez-passer. Fabrizio est censé me le tendre de manière hésitante et laisser son visage s’effondrer au fur et à mesure que le document est imperturbablement mâché par mes soins. J’ignore la raison pour laquelle les reporters nous demandent de recommencer une seconde fois la scène (sans doute pour la filmer sous un autre angle), et une troisième (un spot a dû lâcher)… Toujours est-il qu’au fil des scènes, si le geste de Fabrizio reste peu assuré, selon les injonctions du metteur en scène, son regard plongé dans le mien n’a, lui, plus rien d’hésitant. Il brille, sardonique, de tous ses feux, et semble me lancer un défi : « je te le fais bouffer, moi, ce papelard ». Je suis ainsi contraint de mastiquer le restant de paquet de papier hostie, la bouche de plus en plus pâteuse, la diction douloureuse et l’esprit ailleurs. Mais après des mois de glaciation, c’est le début d’une complicité avec la vedette de la troupe.

Passion théâtre : témoignages


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